image Luc Pelletier
La ville de Gibellina se tenait sur les collines du Bellice, à l'ouest de la Sicile
depuis plus de 2000 ans quand elle a été complètement rasée par un tremblement de terre en 1968.
Après cette catastrophe, le site de l'ancienne ville a été abandonné par les habitants
qui se sont installés dans une ville nouvelle édifiée à une vingtaine de kilomètres en contrebas,
Gibellina Nuova.La décision a été prise alors d'édifier sur les ruines un monument
commémoratif dédié aux victimes.

L'ouvrage a été confiée à Alberto Burri, qui a édifié ce "Grande Cretto" entre 1985 et 1989.
C'est un labyrinthe de béton géant, une immense chape de ciment, blanc à l'origine,
qui s'étale sur le flanc sud sud-est de la montagne selon la forme d'un quadrilatère légèrement
irrégulier d'environ 350 mètres sur 400.
Des tranchées, qui suivent le tracé des rues de l'ancienne ville, permettent d'y circuler.
Lieu désert, d'une mélancolie puissante.

Alberto Burri est un peintre et sculpteur italien, né en 1915 et mort en 1995.
Avec cette œuvre, il pousse à une dimension extrême le travail qu'il a poursuivi depuis 1973
sur des réseaux de craquelures, nommés par lui "Cretti", à l'origine en peinture,
dans des formats de plus en plus grands, du tableau de chevalet au monumental.

Lorsque j'ai pris ces photos, en 2014, le Grande Cretto de Gibellina, dégradé par le temps
et par les éléments naturels, était en cours de restauration. J'ai ainsi eu la chance d'apercevoir,
en me penchant sur une brèche dans le béton effondré, l'intérieur préservé d'une des maisons en ruine
dans le mystère de son tombeau.
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